05/06/24 - Approche ESG au sein du fonds en euros BNP Paribas Cardif
Gilbert Roux : Savez-vous que le fonds en euros, c'est aussi l'engagement d'investir de manière responsable, en privilégiant par exemple les critères ESG dans ses actifs ? Pour en savoir plus et découvrir cet aspect méconnu du fonds en euros, j'ai le plaisir de recevoir deux experts. Tout d'abord Marielle Desnier. Bonjour Marielle !
Marielle Desnier : Bonjour.
Gilbert Roux : Marielle, vous êtes responsable de la gestion actions et de l'ISR des valeurs mobilières chez BNP Paribas Cardif. Notre deuxième invité, ce n'est autre que Pascal Wolljung ! Bonjour Pascal ! Les fidèles de ces #RDVExperts vous connaissent bien, mais je rappelle cependant que vous êtes responsable taux, crédit et gestion de portefeuille chez BNP Paribas Cardif également.
Gilbert Roux : Très bien, la première question est pour vous, Marielle : pourquoi intégrer la gestion ESG dans le fonds général ?
Pourquoi intégrer la gestion ESG dans le fonds général ?
Marielle Desnier : En tant qu'investisseur, nous sommes un investisseur à long-terme, voire à très long-terme. Donc via nos investissements, nous avons comme rôle de financer l'économie et nous participons au financement de la transition énergétique et écologique. Notre métier, c'est la gestion des risques. Nous sommes convaincus qu'en utilisant des critères ESG, E pour environnement, S pour social, G pour gouvernance, nous allons améliorer le couple rendement / risque de nos investissements dans un horizon de placement à moyen et long-terme. Cette démarche d'investisseur responsable, nous l'avons depuis 2008. On a été le premier assureur français à faire noter notre fonds général sur notre poche de titres détenus en direct par une agence de notation extra financière utilisant des critères ESG. Depuis, nous avons développé une analyse ESG spécifique pour chaque classe d'actifs du fonds général.
Gilbert Roux : Alors, Marielle, est-ce que, dans cette sélection à laquelle vous venez de faire référence, certaines sociétés sont exclues ou certains secteurs d'activité ?
Certains secteurs ou entreprises sont-ils exclus de votre sélection ?
Marielle Desnier : Tout à fait, pour les actions et les obligations d'entreprise, nous avons un processus ISR en quatre grandes étapes. Premièrement, on va exclure les secteurs d'activités à forts impacts environnementaux*.
Deuxièmement nous excluons les entreprises qui ne respectent pas les grands principes du pacte mondial des Nations Unis comme les droits de l’homme, les normes internationales du travail et l’Environnement et la lutte contre la corruption.
Troisièmement, on va exclure les entreprises qui, au sein de leur secteur, ont les plus mauvaises pratiques ESG. On exclura les trois derniers déciles au sein de chaque secteur.
Et enfin, quatrièmement, nous appliquons un filtre de transition carbone où nous allons exclure les entreprises qui émettent le plus de gaz à effet de serre et qui n'ont pas encore implémenté une stratégie de transition carbone. Tous ces filtres nous permettent de réduire notre univers d'investissement afin de le rendre compatible avec notre philosophie d'investisseur responsable.
Gilbert Roux : Pascal, je m'adresse à vous en tant que gestionnaire. Comment vous faites, vous, pour gérer tout ça ?
Comment gérez-vous ce fonds en intégrant ces conditions ?
Pascal Wolljung : Globalement, on tient compte, dans tous nos actes de gestion, de la thématique ISR, c'est-à-dire que c'est quelque chose qui est devenu très très concret dans le quotidien des gérants, que ce soit sur les actions, les obligations, même l'immobilier. Globalement, on vérifie avant tout investissement, que l'émetteur, la valeur, soit bien conforme à nos objectifs. Ensuite, la thématique ISR est un objectif, je dirais, constant, annuel, c'est-à-dire que tous les ans, nous avons des objectifs d'investissement ISR sous diverses formes : green bonds, investissements à impact ou autre.
C'est un élément d'analyse supplémentaire par rapport à des critères qui sont complètement financiers.
Gilbert Roux : Marielle est-ce qu'on pourrait illustrer avec quelques chiffres clés le poids de ces investissements responsables justement dans les investissements, et, leur tendance également ?
Quel est le poids des investissements ESG au sein du fonds euros ?
Marielle Desnier : Il faut avoir en-tête qu'on a 95 % des actifs du fonds général qui ont une analyse ESG. On a pris l'engagement depuis 2021 d'investir 1 milliard d'euros en moyenne par an sur des investissements à impact positif sur l'environnement et la société. Et en plus, en 2021, on a rejoint une alliance qui regroupe des assureurs dans le monde entier qui ont pour objectif, grâce à leur investissement, de contribuer à la limitation du réchauffement climatique à horizon 2100, en prenant divers objectifs qui sont revus tous les cinq ans. Comme vous le voyez, BNP Paribas Cardif est engagé dans cette démarche, et pour de nombreuses années encore.
Gilbert Roux : Pascal à nouveau une question pratique. Je me tourne vers vous pour savoir quels sont, selon vous, les exemples les plus marquants d'investissements à impact positif aujourd'hui.
Avez-vous des exemples marquants d'investissements à impact positif ?
Pascal Wolljung : Des exemples dans la gestion de ces derniers mois, il y en a plusieurs. Je pourrais peut-être en évoquer deux. Sur la partie obligataire, nous avons récemment investi dans un titre de la Société du Grand Paris, qui est un titre de maturité longue, 2061, et qui est là effectivement pour financer un certain nombre de projets, notamment des transports qui sont alimentés par de l'énergie renouvelable, et un certain nombre d'aménagements, notamment sur des immeubles à très basse consommation. Un deuxième exemple, c'est également une obligation. Nous avons là, pour le coup, investi dans une obligation émise par la Banque mondiale, qui a une thématique qui nous intéresse beaucoup, c'est la biodiversité, et qui finance également un certain nombre de projets à impact positif sur le monde entier.
Gilbert Roux : On parle beaucoup de classification des actifs et le fonds général, Marielle, est classé article 8. Qu'est-ce que ça veut dire exactement, article 8 ?
Que signifie exactement la classification article 8 ?
Marielle Desnier : La classification article 8 provient d'une réglementation européenne, SFDR, qui a été mise en place pour donner plus de transparence aux produits financiers durables. Quand un produit est classé article 8, il doit avoir des informations extrêmement claires sur sa politique d'investissement et expliquer comment il va intégrer les critères ESG dans le choix de ces investissements. Comme on vous l'a expliqué, BNP Paribas Cardif a développé une analyse ESG spécifique pour chaque classe d'actifs et nous parlons de notre démarche durable dans nos différents rapports réglementaires, français et européens, et c'est la raison pour laquelle nous avons choisi de classifier le fonds général d'article 8.
Gilbert Roux : Pascal Wolljung le fait de prendre en compte ces critères ESG, ça a quel impact sur la performance des fonds dans votre gestion ?
Quel est l’impact de ces critères ESG sur la performance du fonds ?
Pascal Wolljung : Globalement, il faut savoir que l'ensemble des investissements que nous réalisons sur le fonds en euros a quand même des performances qui sont liées aux marchés financiers. Mais la chose importante à dire, c'est que nous croyons fortement en l'intégration de ces critères extra financiers dans notre analyse, notamment quand on analyse des risques sur lesquels nous investissons. Et donc globalement, ça nous permet aussi, au-delà quelque part des critères financiers classiques, d'essayer d'éviter notamment des controverses qui sont liées à certaines valeurs ou certains émetteurs. Et on est très convaincu que l'ensemble de ces supports d'investissement qui sont donc ISR, vont performer beaucoup mieux que les autres dans l'avenir.
Gilbert Roux : Est-ce que ça a déjà été le cas sur le taux servi en 2023 ? Quel est votre analyse sur cette performance ?
Comment expliquer la bonne performance en 2023 ?
Pascal Wolljung : Globalement, je crois que le marché nous attendait un peu là-dessus, pas uniquement BNP Paribas Cardif, mais l'ensemble des assureurs. Je crois qu'on a réussi à répondre présent. Cette bonne performance est bien sûr liée à tout ce que nous avons pu faire dans le passé pour arriver à ce rendement attractif. Ce qui est important à dire, c'est que nous continuons, dans cet environnement, à garder beaucoup de flexibilité dans notre gestion. Et les assureurs, effectivement, qui ont cette flexibilité et qui ont notamment également des réserves importantes, globalement, ce sont ceux qui pourront déployer la stratégie d'Investissement la plus efficace, notamment pour renforcer dans la durée le rendement comptable du portefeuille.
Gilbert Roux : Ce sera le mot de la fin. Nous sommes arrivés au terme de ce #RDVExperts consacré aux critères ESG dans la gestion du fonds en euros. J'espère en tout cas que ce podcast, ce #RDVExperts, vous a permis de mieux comprendre tout cela. Merci à nos deux invités de nous avoir éclairé sur le sujet. Merci, Marielle Desnier, et merci à vous, Pascal Wolljung. A bientôt.
